Complot contre la sûreté de l’Etat: Ce que Boko a dit avant sa condamnation
Se prononçant après les réquisitions du procureur Mario Mètonou dans le procès complot contre l’autorité de l’Etat, corruption d’agent public, usage de faux, l’homme d’affaires Olivier Boko déclare à la Cour :
« Je voudrais prier la cour de ne pas me condamner par déduction. Le procureur spécial vous amène à faire un procès de la richesse et un procès de la pauvreté. Homeky est trop pauvre pour ne pas donner, Boko est trop riche pour donner. Je voudrais vous dire aussi un peu les conditions dans lesquelles on m’a amené devant vous. J’étais à Casablanca au Maroc, quand le lundi 21, le Président de la république Patrice Talon m’a appelé. Il me dit, tu rentres quand ? Je dis le mercredi 25 ou le jeudi 26. Il me dit, il faut que tu rentres, parce que l’Assemblée nationale devrait délibérer le lundi 21, sur les nouveaux conseillers du Conseil économique et social (Ces). J’ai dû chercher un moyen direct de Casablanca à Cotonou, le lundi 22 à 1h30. Nous avons échangé des messages le lundi matin, et le soir vers 21H30, il m’appelle, et déclare “tu as vu que l’Assemblée a validé les listes”, j’ai répondu, oui mais le commentaire général est que tout le monde dit que le Ces est devenu un refuge pour les politiciens retraités, et nous avons rigolé et discuté d’autres choses, et il m’a souhaité une bonne nuit. Je suis allé me coucher quand vers 2h du matin, mon grand frère et président de la république m’appelle pour dire, Olivier viens me voir à la maison. J’étais en pyjama et en sandalette.
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Mon épouse m’a dit, tu ne partiras pas seul. Arrivez au carrefour Soneb, je vois des voitures qui arrivent à vive allure. Il serrer la droite pour laisser passer. Je ne savais pas qu’ils venaient pour moi. En un temps éclair, ces voitures m’ont encerclé, pour me demander de serrer. Je me suis dis que j’étais tomber dans un braquage sans savoir que c’était un piège. Ils m’ordonnent de descendre. Je ne voulais pas le faire. Le temps que je leur réponde, les pistolets étaient déjà chargés et braqués sur nous. On m’a arraché du volant. Mes sandalettes sont tombées, et ils m’ont jeté dans leur voiture. Je suis resté tête baissée sans savoir où l’on m’amenait. Je me suis retrouvé à la salle de réunion de la direction générale de la police nationale. C’est de là que je suis devant vous.
Si j’étais dans un projet de complot contre l’autorité de l’Etat, je n’allais pas rentrer. J’étais au Maroc. Je n’allais pas sortir de chez moi à 2h du matin, pour me retrouver devant vous. Je suis innocent. Cette histoire est cousue de fil blanc, et on veut me condamner par déduction. Le Colonel Tévoèdjrè a dit devant vous : “Je n’ai jamais parlé de coup d’Etat avec monsieur Boko. Monsieur Boko est celui qui me donne des ordres que j’exécute même sans demander l’avis du Chef de l’Etat”.
Donc, je n’ai pas besoin d’intermédiaire avant de comploter avec le colonel Tévoèdjrè. Mais, il est dans son rôle. Je suis du système. Je sais ce que je sais. Ce procès est historique. Nous en reparlons plus tard. L’opposé de la beauté ce n’est pas laideur mais l’indifférence. L’opposé de la pauvreté ce n’est pas la richesse, c’est l’indifférence. L’opposé de la force ce n’est pas la faiblesse, c’est l’indifférence. L’opposé de la justice, ce n’est pas l’injustice mais l’indifférence. Ne soyez pas indifférent lors de votre délibéré. Soyez juste et rendez un verdict juste et l’histoire retiendra votre nom. Rien n’est éternel, sauf Dieu. Tout passe, seul Dieu ne passe pas. Si tel est mon sort, je l’accepte ».
La Cour l’a condamné à 20 ans de détention criminelle;