Florent Couao-Zotti : « Cette jeunesse qui me désespère »

Florent Couao-Zotti : « Cette jeunesse qui me désespère »

L’écrivain béninois, Florent Couao Zotti, a partagé sur le réseau social Facebook son vécu avec une certaine jeunesse. Lire sa publication intitulé : « Cette jeunesse qui me désespère ».

Cette jeunesse qui me désespère

Au départ, il était venu me voir, me demandant un travail de gardien, puis de travailleur domestique, de coursier, de nettoyeur. Peu importe ce que je lui paierais, il se disait preneur. Obséquieux, toujours prêt à aller au bout du monde pour offrir service, il a fini par me convaincre de lui accorder une chance. Son père qu’il a fait venir, sa mère qui marchait sur béquille, ses frères et sœurs, tous, un à un, avaient poussé mon portail pour répandre à mes pieds des torrents de remerciements et de reconnaissance. Mais à peine s’est-il installé qu’il s’est mis à jouer avec mes biens. Il a suffi d’un tour dans sa chambre pour que je découvre des livres soutirés de ma bibliothèque, des objets de valeur et autres produits chapardés. J’ai profité de son voyage au village pour découvrir le butin accumulé. À peine deux mois et déjà un Arsène Lupin m’était né.

L’autre, c’est la jeune femme qui prétend être expérimentée dans la gestion d’une cafétéria. Recrutée pour s’occuper d’un resto, elle a fait fort au bout de six mois : zéro recette. Pourtant, chaque semaine, on voit à l’oeil nu, les clients, boire jusqu’à plus soif ou manger jusqu’à ras bord. Arguant du fait que personne ne venait, elle expliqua sans sourciller, qu’il fallait améliorer la communication. A la place des grosses boîtes de lait concentré destiné à sucrer le café des clients, elle y a mis de l’eau. C’était pas une restauratrice, une artiste de l’arnaque.

La troisième, une très jeune togolaise, était une recommandation d’un parent. Elle était venue pour être employée de maison, se faire un peu de pécule afin de financer ses études. Elle visait le bac. Deux ans après, elle partait, heureuse d’avoir fait une économie conséquente. On s’attendait, l’année d’après, à ce qu’elle nous annonce son succès au baccalauréat. Nenni. Le pactole hérité de son travail, elle l’a donné à son prétendu copain, un pseudo bokonon, qui lui a généreusement arrondi le ventre, et qui, après la naissance de leur fils, l’enverra sur les trottoirs de Lomé, vendre à la criée, sur des cintres de fortune, des habits bon marché et quelques friperies.

Ces exemples, je pourrais les multiplier par dix, vingt, trente, tant ils sont devenus courants chez les jeunes. Si ailleurs, la moindre opportunité est une source de motivation pour des expériences qui permettent de progresser, ici, pour certains, ces occasions constituent une source d’arnaques, de rapines et de coups tordus. Tant de potentialités perdues pour des actes éphémères et illusoires. C’est vraiment désespérant.

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