France : Chute du gouvernement Barnier

France : Chute du gouvernement Barnier

Le gouvernement de Michel Barnier, nommé début septembre par Emmanuel Macron sans majorité claire à l’Assemblée nationale, a été censuré par les oppositions de gauche et d’extrême droite ce mercredi 4 décembre dans la soirée, Une première en France depuis 1962.

Avec seulement 90 jours à la tête du gouvernement français, Michel Barnier devient le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Bernard Cazeneuve détenait le précédent record, 160 jours, suivi par Gabriel Attal et ses 240 jours. 

► Les deux blocs d’oppositions à l’Assemblée nationale, le Rassemblement national (RN, d’extrême droite) et le Nouveau front populaire (NFP, de gauche), ont adopté la motion de censure du NFP visant le gouvernement de Michel Barnier ce 4 décembre dans la soirée, après plusieurs heures de discours de la part du Premier ministre et des présidents des groupes de partis.

► Le RN avait assuré qu’il voterait la motion de censure du NFP, la première à être soumise au vote : 331 députés ont voté pour la censure du gouvernement. Avec une majorité fixée à 288 députés pour emporter le vote, le Premier ministre et son gouvernement ont donc été censurés, et ce n’était pas arrivé depuis 1962.

► Lundi 2 décembre, Michel Barnier, en l’absence d’une majorité claire à l’Assemblée nationale, a eu recours à l’article 49.3 de la Constitution. Il lui permettait de faire adopter son projet loi de financement de la Sécurité sociale sans le vote des députés, en échange d’un engagement de sa responsabilité devant l’Assemblée. Un pari risqué, qu’il a perdu.
Michel Barnier est attendu jeudi matin pour présenter sa démission

Michel Barnier est attendu jeudi à 10h à l’Élysée pour présenter la démission de son gouvernement à Emmanuel Macron, a déclaré la présidence à l’AFP. Conformément à l’article 50 de la Constitution, après l’adoption d’une motion de censure par les députés, « le Premier ministre doit remettre au président de la République la démission du gouvernement ».

Deux députées réagissent à la censure de Michel Barnier

D’après Anne-Laure Blin, députée Droite Républicaine de la 3ème circonscription du Maine-et-Loire, l’heure est grave. « Ce soir la majorité du NFP et le RN ont préféré le chaos institutionnel, le chaos économique, au fait de porter un gouvernement au travail. Aujourd’hui, nous avons de véritables défis à affronter, dans lesquels il faut défendre la place de la France. Et aujourd’hui, sans gouvernement, cela veut dire que nous n’avons plus de représentants », explique la députée.

Marie Mesmeur, député LFI de la 1ère circonscription d’Ille-et-Vilaine, ne trouve pas la même source au chaos que sa collègue : « C’est la preuve que Macron est fini, il se fait censurer sur ses années de politique qui sont violentes socialement, écologiquement, économiquement. Le seul chaos qui existe aujourd’hui, c’est celui d’Emmanuel Macron qui provoque une crise de régime. » Elle appelle à la démission du président de la République et à la nomination d’un Premier ministre issu du Nouveau front populaire.

Sophie Blanc, la députée RN de la 1ere circonscription des Pyrénées Orientales et Sophie Pantel, députée socialiste de la Lozère, n’ont pas voté pour la motion de censure du NFP, soutenue par le RN et l’UDR. La liste complète des députés ayant voté pour censurer le gouvernement est disponible sur le site de l’Assemblée.

La France n’a plus de gouvernement pour répondre à la crise sociale

Ce mercredi 4 décembre, les fonctionnaires étaient en grève : enseignants, cheminots, contrôleurs aériens, personnel soignant, réclament plus de moyens humains et financiers pour la fonction publique. Précédemment, c’était les chauffeurs de taxis, protestant contre une baisse des tarifs de remboursement de la Sécurité sociale dans le cadre de transport de patients. Les agriculteurs, quant à eux, prévoient de nouvelles manifestations dès le début de la semaine prochaine.

Le budget 2025 prévoyait des mesures d’aides et de simplication à l’égard des agriculteurs en réponse à leur colère, sauf que ce texte, comme d’autres qui étaient en discussion à l’Assemblée nationale dans le cadre du budget 2025, n’est plus d’actualité. Avec la censure, toutes ces mesures sont désormais caduques, et il faudra attendre une nouvelle présentation de budget pour les revoir à l’ordre du jour et répondre à la colère sociale.

Le ministre de l’Économie fustige le NFP et le RN

Le ministre de l’Économie Antoine Armand juge qu’en adoptant la motion de censure contre le gouvernement, « le RN et le NFP ont mêlé leurs voix pour déstabiliser le pays », dans un message publié sur X.

Source : Rfi

portailinfo

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