Guillaume Soro : « La Francophonie s’est transformée en un vecteur de néocolonialisme »
Dans une publication sur le réseau social facebook, Guillaume Soro, dans une déclaration attribuée à : « Générations et peuples solidaires (Gps) relative à la vie de la Nation » s’est prononcé sur divers sujets dont celui relatif au XIXe sommet de la francophonie tenu en France, du 4 au 6 Octobre 2024.
Le samedi 05 octobre 2024, à l’occasion de sa réunion ordinaire, le Cadre restreint de Générations et Peuples Solidaires (GPS) a procédé à une analyse de l’actualité socio-politique internationale et nationale, introduit Guillaume Soro. « Les initiatives de la Francophonie, loin de favoriser une véritable indépendance, continuent de lier l’avenir des pays africains à une langue et à un cadre de coopération qui ne servent pas leurs intérêts profonds », a déclaré l’ancien président de l’ancien président de l’Assemblée nationale de la Côte d’Ivoire, désormais exilé au Niger. Pour Guillaume Soro et pairs, la Francophonie, bien qu’enrobée dans des idéaux de coopération et de solidarité, s’est transformée en un vecteur de néocolonialisme. Elle a permis à la France de maintenir son influence dans ses anciennes colonies, en particulier en Afrique, à travers la langue française, les programmes éducatifs et économiques qui continuent de renforcer la dépendance.
Par Fanelle SOTOMEY
Extrait de la publication…
« À 𝘭’𝘰𝘳𝘪𝘨𝘪𝘯𝘦 𝘥𝘦 𝘭𝘢 𝘍𝘳𝘢𝘯𝘤𝘰𝘱𝘩𝘰𝘯𝘪𝘦 : 𝘶𝘯 𝘪𝘥é𝘢𝘭 𝘱𝘢𝘳𝘵𝘢𝘨é ?
La Francophonie trouve son origine officielle en 1970 avec la création de l’Agence de Coopération Culturelle et Technique (ACCT). À ses débuts, cette agence visait à promouvoir la coopération dans les domaines de la culture, de l’éducation et de la recherche scientifique. En 1998, elle est devenue l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), qui se présente aujourd’hui comme un espace de promotion de la langue française, de la diversité culturelle et linguistique, ainsi que de la paix, de la démocratie et du développement durable.
Cependant, ce discours cache souvent une réalité plus pernicieuse, celle d’une domination continue de la France sur ses anciennes colonies, notamment en Afrique. Cette organisation, créée aux lendemains des indépendances, n’a fait que prolonger la mainmise culturelle, économique et politique de la France, sous couvert de coopération multilatérale.
𝘓𝘢 𝘍𝘳𝘢𝘯𝘤𝘰𝘱𝘩𝘰𝘯𝘪𝘦 : 𝘶𝘯 𝘯é𝘰𝘤𝘰𝘭𝘰𝘯𝘪𝘢𝘭𝘪𝘴𝘮𝘦 𝘥é𝘨𝘶𝘪𝘴é ?
La Francophonie, bien qu’enrobée dans des idéaux de coopération et de solidarité, s’est transformée en un vecteur de néocolonialisme. Elle a permis à la France de maintenir son influence dans ses anciennes colonies, en particulier en Afrique, à travers la langue française, les programmes éducatifs et économiques qui continuent de renforcer la dépendance. Pour de nombreux pays africains, cette organisation n’a jamais été un espace d’égalité, mais plutôt un prolongement des rapports de domination d’antan. Alors que les peuples africains luttent pour leur autonomie, ils se retrouvent encore une fois subordonnés à des intérêts qui ne sont pas les leurs.
𝘗𝘰𝘶𝘳𝘲𝘶𝘰𝘪 𝘭𝘢 𝘱𝘳𝘰𝘮𝘰𝘵𝘪𝘰𝘯 𝘥𝘶 𝘧𝘳𝘢𝘯ç𝘢𝘪𝘴 𝘦𝘯 𝘈𝘧𝘳𝘪𝘲𝘶𝘦 ? 𝘘𝘶’𝘦𝘯 𝘦𝘴𝘵-𝘪𝘭 𝘥𝘦𝘴 𝘭𝘢𝘯𝘨𝘶𝘦𝘴 𝘢𝘧𝘳𝘪𝘤𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴 ?
Une question fondamentale que nous devons poser est la suivante : pourquoi les pays africains devraient-ils continuer à promouvoir la langue française, héritage de la colonisation, au détriment de leurs propres langues si nous partons des objectifs fixés par à savoir, promouvoir la diversité culturelle ? Les langues africaines, qui sont porteuses des cultures, des traditions et des identités des peuples de notre continent, ne méritent-elles pas la même reconnaissance, le même respect ? La Francophonie, en perpétuant l’usage et la suprématie du français, maintient une dynamique où les cultures et langues africaines sont reléguées au second plan, privées d’une reconnaissance institutionnelle et internationale. Le véritable développement et l’émancipation des nations africaines passent par la valorisation de leurs propres langues, traditions et cultures.
Contrairement à la France, d’autres puissances telles que les États-Unis, la Russie, la Chine ou le Japon, n’imposent pas aux pays africains la promotion de leurs langues lors de sommets internationaux. Les sommets États-Unis-Afrique, Russie-Afrique, Chine-Afrique ou Japon-Afrique, ne contraignent pas les Africains à adopter l’anglais, le russe, le mandarin ou le japonais comme outils de coopération. Ces rencontres, qui sont devenues des modèles d’échange et de vrais partages, attirent plus les élites africaines, mettent en avant, contrairement aux rencontres de la Francophonie, des partenariats économiques et stratégiques sans exiger que les nations africaines sacrifient leur langue ou leur culture. Alors pourquoi la France continue-t-elle d’exiger cette soumission linguistique ?
𝘓𝘦 𝘣𝘪𝘭𝘢𝘯 : 𝘤𝘪𝘯𝘲𝘶𝘢𝘯𝘵𝘦 𝘢𝘯𝘯é𝘦𝘴 𝘥𝘦 𝘥é𝘱𝘦𝘯𝘥𝘢𝘯𝘤𝘦 𝘭𝘪𝘯𝘨𝘶𝘪𝘴𝘵𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘦𝘵 é𝘤𝘰𝘯𝘰𝘮𝘪𝘲𝘶𝘦
Plus de cinquante ans après la création de la Francophonie, force est de constater que les inégalités entre les nations du Nord et celles du Sud, en particulier en Afrique, restent exacerbées. Les promesses de développement économique et social, souvent énoncées dans un discours paternaliste, ont rarement bénéficié aux populations locales. Les élites africaines, formées et influencées par le système français, perpétuent un statu quo qui privilégie les intérêts des anciennes puissances coloniales et de groupes locaux restreints.
Les initiatives de la Francophonie, loin de favoriser une véritable indépendance, continuent de lier l’avenir des pays africains à une langue et à un cadre de coopération qui ne servent pas leurs intérêts profonds. La question de la démocratie et des droits humains est souvent évoquée, mais les actions concrètes sont bien souvent absentes ou insuffisantes pour amener des changements significatifs dans les pays concernés.
𝘓𝘦 𝘤𝘪𝘳𝘲𝘶𝘦 𝘥𝘦𝘴 𝘤𝘩𝘦𝘧𝘴 𝘥’É𝘵𝘢𝘵 : 𝘶𝘯 𝘴𝘱𝘦𝘤𝘵𝘢𝘤𝘭𝘦 𝘢𝘧𝘧𝘭𝘪𝘨𝘦𝘢𝘯𝘵 𝘴𝘢𝘯𝘴 𝘳é𝘦𝘭𝘭𝘦 𝘢𝘷𝘢𝘯𝘤é𝘦
Les sommets de la Francophonie sont devenus des théâtres diplomatiques et des parades de légitimation où les chefs d’État africains et français affichent des alliances stratégiques sans réelle considération pour les besoins des peuples. Sous couvert de coopération et de développement, ces rencontres se transforment en occasions de renforcer la position de la France en Afrique, tout en reléguant les véritables enjeux à l’arrière-plan. Pendant que les discours politiques mettent en avant l’amitié franco-africaine, les défis de pauvreté, d’injustice et d’inégalité restent insuffisamment traités.
𝘙𝘦𝘱𝘦𝘯𝘴𝘦𝘳 𝘭𝘢 𝘍𝘳𝘢𝘯𝘤𝘰𝘱𝘩𝘰𝘯𝘪𝘦 𝘦𝘵 𝘭𝘢 𝘧𝘪𝘯 𝘥𝘦 𝘭’𝘶𝘯𝘪𝘷𝘦𝘳𝘴𝘢𝘭𝘪𝘴𝘮𝘦 : 𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘶𝘯𝘦 𝘷𝘳𝘢𝘪𝘦 𝘪𝘯𝘥é𝘱𝘦𝘯𝘥𝘢𝘯𝘤𝘦
L’Afrique doit se libérer de cette tutelle linguistique et culturelle du monde occidental pour enfin affirmer son indépendance. Les langues africaines, qui incarnent l’essence même des cultures et des identités de notre continent, doivent être au cœur des politiques éducatives et culturelles. Il est temps que l’Afrique repense ses relations internationales sur la base de ses propres intérêts et aspirations. La Francophonie, telle qu’elle existe aujourd’hui, doit se réinventer ou disparaître. Si elle veut demeurer pertinente, elle doit cesser d’être un instrument de domination culturelle et linguistique.
𝘗𝘰𝘶𝘳 𝘶𝘯𝘦 𝘍𝘳𝘢𝘯𝘤𝘰𝘱𝘩𝘰𝘯𝘪𝘦 𝘳é𝘪𝘯𝘷𝘦𝘯𝘵é𝘦 𝘷𝘦𝘳𝘴 𝘶𝘯 𝘶𝘯𝘪𝘷𝘦𝘳𝘴𝘢𝘭𝘪𝘴𝘮𝘦 𝘵𝘳𝘢𝘯𝘴𝘤𝘶𝘭𝘵𝘶𝘳𝘦𝘭 : 𝘷𝘢𝘭𝘰𝘳𝘪𝘴𝘦𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘭𝘢𝘯𝘨𝘶𝘦𝘴 𝘢𝘧𝘳𝘪𝘤𝘢𝘪𝘯𝘦𝘴
L’avenir de la Francophonie doit passer par une reconnaissance pleine et entière des langues et cultures africaines. Quelques pistes pour une réinvention radicale incluent :
un multilinguisme véritable : Les langues africaines doivent être promues au même titre que le français. L’OIF doit encourager l’enseignement bilingue et la préservation des langues locales ;
la création d’une « Agence pour la Promotion des Langues Africaines » : Un organe dédié à la documentation, la préservation et la revitalisation des langues africaines, afin de les intégrer pleinement dans les sphères éducatives, administratives et culturelles ;
le respect des langues africaines dans les relations internationales : Les pays africains doivent pouvoir participer à des sommets internationaux sans se voir imposer la langue française. Comme lors des sommets avec d’autres puissances, les relations doivent se baser sur la coopération et non sur la domination linguistique.
En repensant la Francophonie, GPS pense que nous pouvons faire de cette organisation un espace de coopération égalitaire, où chaque langue, chaque culture est respectée. Pour GPS, l’Afrique mérite une véritable indépendance linguistique et culturelle, loin des chaînes invisibles du néocolonialisme français. »