Poursuite de manifestants pacifiques à Cotonou : Le parquet s’enlise dans le « déni »
Un communiqué du parquet du Tribunal de première instance de Cotonou pour le moins surprenant, semble établir que pour prendre part à une manifestation (marche pacifique), il faut justifier d’un statut donner. Un citoyen jouissant de ses droits civiques et politiques, donc libre de ses mouvements, n’est sans doute plus autorisé à participer à une marcher pacifique, pour protester contre la vie chère dans son pays.
Les chômeurs voire les sans emploi, doivent-ils justifier désormais devant le parquet de Cotonou de leur droit à manifester ? Pour le parquet de Cotonou, selon son communiqué extraordinaire, les personnes poursuivies « ne justifient pas de la qualité de travailleur ». Ne sont elles pas les mieux placées pour soutenir les travailleurs, dans l’espoir qu’une meilleure gouvernance, ne leur permette de décrocher ne serait-ce qu’un job ? Espérant même, que le Tribunal de Cotonou tienne compte de la notion de travailleur telle que définit par l’organisation internationale du travail, ces personnes sont les mieux fondées à marcher, subissant de plein fouet la cherté de la vie, en dépit de leur situation de détresse.
Curieusement, le communiqué du Tribunal de première instance de Cotonou ne mentionne nulle part que les marcheurs étaient en infraction. Au minimum, le parquet devrait pouvoir dire, pourquoi la marche a-t-elle été empêchée et réprimée par la police républicaine censée encadrer les manifestants ? Le parquet de Cotonou n’a pas situé l’opinion sur la légalité de la marche, et indiqué le cas échéant, ce qui justifierait la répression. Le juge a préféré imposer des tests d’urine aux manifestants, une première sous le renouveau démocratique au Bénin. « Le parquet indique que les personnes ayant justifié de leur qualité de travailleur ont été remises en liberté. Il en va de même des étudiants et élèves interpellés », a-t-on lu dans le communiqué. Faut-il tenir en main son attestation de travail ou son test d’urine pour participer à une marche pacifique ? Alors quelle raison justifie la libération des étudiants et élèves, qui n’ont pu justifier de leur qualité de travailleur ?
La suite de ce procès risque à nouveau de faire reculer le Bénin notamment sur les questions de liberté et de démocratie. Empêchée et réprimée une marche pacifique sans en évoqué les véritables raisons, n’est pas digne d’un Etat de droit.
A défaut que le parquet éclaire l’opinion, le ministre de l’intérieur devrait pouvoir justifier ces actes, afin que désormais, chacun sache à quoi s’en tenir pour l’organisation des manifestations pacifiques. C’est une question de responsabilité.