Désintérêt du public sportif au championnat national : autopsie d’un football en agonie
7 buts encaissés. Zéro marqué et une élimination pour la prochaine Coupe d’Afrique des nations (CAN), le triste bilan du Bénin lors des compétitions de clubs de la Confédération Africaine de Football, le tout couronné par une élimination pour la prochaine CAN. Si dans d’autres disciplines, le Bénin excelle plus où moins, la situation au niveau du football n’est guère reluisante. De L’absence d’une politique de développement du sport à la base aux choix des dirigeants, les maux qui minent le football béninois sont plus profonds qu’un creux dans une roche.
Jadis objet d’engouement et d’identité, les clubs de football béninois ont perdu ce statut au détriment de la pléthore de clubs qui existent actuellement. ‹‹ aujourd’hui il y a des clubs qui poussent comme des champignons. Vous avez dans la même région beaucoup de clubs ce qui fait que les supporters sont casiment effrités, divisés. Dans la région méridionale du Bénin on a près de vingt clubs qui jouent en première division. Donc si chaque club doit jouer imaginer le nombre de supporters que cela va draîner. Ce ne serait plus comme dans les années 70, 80, 90 où nous avons des clubs départementaux comme les buffles du borgou, les lions de l’Atacora, les scorpions du Mono, les Caïmans du zou, les requins de l’Atlantique et les dragons de l’Ouémé ››, a fait savoir Ambroise Zinsou journaliste sportif. ‹‹Le championnat était animé de ces six clubs départementaux, ajoutés à l’Université Nationale du Bénin aujourd’hui l’UAC et à l’Entente des Forces armées aujourd’hui appelé Adjidja FC. Donc chaque région s’identifiait à son club ››, a-t-il ajouté.
Outre la pléthore de clubs, le Bénin est le seul pays où le format du championnat exclu une relégation. Un fait que n’a pas manqué de souligner l’homme de média : ‹‹ le football chez nous n’est plus attrayant, ni vendable. Le championnat en lui même n’est plus attractif. On joue un championnat à 36 clubs, vous imaginez, ce n’est pas le Bénin qui a inventé le football. Le championnat dans les autres pays en première division, c’est au plus vingt clubs. Aujourd’hui vous avez 36 clubs. Qu’est-ce que vous pouvez avec 36 clubs. Le public n’a pas d’engouement à aller au stade et on joue les tribunes vides.››
Ses propos seront renchérit par Roger Emana, promoteur de centre de formation et figure très connue du football béninois. ‹‹ il faut une grosse communication autour des clubs pour pouvoir faire comprendre au public qu’il doit s’identifier à un club. Si on ne fait pas ce travail de communication ce n’est pas évident que le public aujourd’hui puisse s’identifier et qu’il ait l’engouement à aller supporter un club. L’autre chose c’est le caractère de notre championnat qui est le plus long du monde, et ça fait que c’est un peu fatigant pour le public. On a plus de 36 à 40 matchs dans la saison c’est trop. De plus, il est important que nos centres de formation soient pris en compte. Parce que si nos centres de formation ne sont pas pris en compte avec des jeunes que nous formons, la population ne va pas s’identifier à ces jeunes qui jouent le championnat.››
Définir un projet sportif autour des clubs
Entre autres maux qui minent le football béninois, il y a le manque d’un projet sportif autour des clubs. C’est ce qu’a laissé entendre Ambroise Zinsou en énumérant l’une des causes de l’échec du football béninois. ‹‹ On a pas le marketing sportif. Quel est le modèle économique que présente les clubs, quel projet sportif ils présentent, parce que c’est ça qui va donner d’engouement, qui va amener les gens à payer les maillots, à cotiser, et les groupes de supporters à s’organiser autour de leur club préféré comme nous voyons dans la sous région que ça soit au Nigeria, au Ghana et dans l’Afrique du Nord. On voit que les gens continuent de se déplacer pour aller suivre les matchs mais chez nous c’est une désaffection totale.››, a-t-il déploré.
Prévu pour débuter bientôt, le championnat béninois va reprendre sous le format querellé chaque saison. Les problèmes soulignés plus haut seront toujours d’actualité au détriment de notre football qui peine à renaître de ses cendres.