Séisme au Maroc : Les premières actions de Mohammed VI

Séisme au Maroc : Les premières actions de Mohammed VI

Le Maroc est endeuillé. Au moins de 2 012 personnes ont perdu la vie, et 2 059 sont blessées, dont 1 404 dans un état grave, selon les dernières données fournies par les autorités marocaines. Dans les détails, la province d’Al Haouz, située à 50 kilomètres au sud-ouest de Marrakech, a enregistré à elle seule 694 décès.

Le séisme, survenu la nuit de vendredi à samedi dans le centre du pays, a fait également 347 morts dans la province de Taroudant, 191 dans la province de Chichaoua, 39 dans la province de Ouarzazate, 14 dans la préfecture de Marrakech. Trois Français ont également perdu la vie durant le séisme et huit ressortissants français blessés ont été identifiés.

Malgré l’état de choc dans lequel se trouvent le Maroc et les Marocains, le pays s’est mis en ordre de marche pour répondre rapidement à cette catastrophe naturelle d’ampleur.

A Rabat, Mohammed VI, accompagné du prince héritier Moulay El Hassan, a présidé samedi une séance de travail consacrée à l’examen de la situation. Un moment inédit, auquel a assisté tout le gotha politico-militaire du pays : chef du gouvernement, plusieurs ministres, hauts responsables militaires et sécuritaires, ainsi qu’un représentant de la Fondation Mohammed-V pour la solidarité.

Il faut dire que la situation est difficile : certaines localités étaient inaccessibles au cours de la nuit et les secours n’ont pu intervenir qu’au lever du jour. Dans la foulée, plusieurs mesures d’urgence qui ont été prises immédiatement après le séisme. Sur le pied de guerre pour mener les opérations de secours : les Forces armées royales (FAR), les autorités locales, les services de l’ordre et les équipes de la protection civile, ainsi que les départements ministériels concernés.

Deuil national et mobilisation à tous les étages

Pour accélérer les opérations de sauvetage et d’évacuation des personnes blessées, les moyens et les équipes de recherche et de secours ont été renforcés dans un premier temps. Les zones touchées ont été ensuite approvisionnées en eau potable. Sur les lieux, des kits alimentaires ont été distribués aux sinistrés, ainsi que des tentes et des couvertures. Malgré la difficulté de la situation, les services publics ont rapidement repris. Les FAR, sous la houlette du roi, ont déployé d’urgence « des moyens humains et logistiques importants, aériens et terrestres, ainsi que des modules d’intervention spécialisés composés d’équipes de recherche et sauvetage et d’un hôpital médico-chirurgical de campagne », a fait savoir le communiqué du cabinet royal rendu public samedi. Avions, hélicoptères, drones, moyens du génie, antennes logistiques, etc. : tous les moyens d’intervention existants ont été mobilisés par les FAR.

Au vu des derniers développements que connaissent les préfectures et provinces touchées et du bilan des pertes humaines, Mohammed VI a donc décrété un deuil national de trois jours, « avec mise en berne des drapeaux sur tous les bâtiments publics » ainsi que « l’accomplissement de la prière de l’absent dans l’ensemble des mosquées du royaume ». Face à l’ampleur des dégâts, la plus haute autorité de l’État a décidé de mettre en place immédiatement une commission interministérielle. Elle sera chargée du déploiement d’un programme d’urgence de réhabilitation et d’aide à la reconstruction des logements détruits dans les zones sinistrées dans les meilleurs délais. Les instructions royales concernant les personnes en détresse, en particulier les orphelins et les personnes vulnérables, qui seront prises en charge, ainsi que l’ensemble des personnes qui se retrouvent sans abri du fait du séisme. Leur prise en charge comprend l’hébergement, l’alimentation et tous les autres besoins de base.

Les opérateurs économiques, pour leur part, sont encouragés à reprendre rapidement des activités au niveau des zones concernées. Et pour renforcer l’élan de solidarité que connaît le pays face à cette tragédie, le monarque a décidé de l’ouverture d’un compte spécial auprès du Trésor et Bank Al-Maghrib. Objectif : recevoir les contributions volontaires de solidarité des citoyens et des organismes privés et publics. Et de rappeler la pleine mobilisation de la Fondation Mohammed-V pour la solidarité, dans toutes ses composantes, pour « apporter soutien et accompagnement aux citoyens dans les zones touchées ». Pour parer à tout type de catastrophe, Mohammed VI a annoncé également la constitution de réserves et de stocks de produits de première nécessité (médicaments, tentes, lits et nourriture) dans chaque région du pays.

Une situation difficile et appels au don de sang

Plus fort que le tremblement de terre ayant frappé Agadir en février 1960 ou encore celui d’Al-Hoceima en février 2004, c’est le séisme « le plus puissant » jamais enregistré dans le pays, estimé à une magnitude 7 sur l’échelle de Richter, selon le Centre national pour la recherche scientifique et technique (CNRST), basé à Rabat. Cette forte secousse tellurique a frappé vendredi soir la commune d’Ighil, située dans la province d’El Haouz, faisant des centaines de morts. Et le bilan continue de s’alourdir. Les secousses ont été ressenties dans plusieurs villes du pays, notamment à Rabat, Casablanca, Meknès et Fès.

Le bilan des morts s’annonce déjà comme une catastrophe majeure pour le royaume chérifien, mais l’ampleur des dégâts matériels est aussi inédite. La secousse a causé l’effondrement de plusieurs bâtiments, notamment dans les provinces et communes d’Al-Haouz, Taroudant, Chichaoua, Ouarzazate ainsi qu’à Marrakech, qui regorge de lieux inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco.

Sur la place mythique de Djemaa el-Fna, des fissures importantes ont été observées sur le minaret de la Koutoubia, structure emblématique de la cité ocre, mais aussi la destruction quasi complète du minaret de la mosquée Kharbouch. Les remparts de la ville sont aussi endommagés en de multiples endroits. Le Mellah, ancien quartier juif, serait cependant le plus affecté. « Après une catastrophe comme celle-ci, le plus important est de préserver les vies humaines. Mais il faut aussi prévoir immédiatement la deuxième phase, qui comprendra la reconstruction des écoles et des biens culturels affectés par le tremblement de terre », a déclaré Éric Falt, directeur régional du Bureau de l’Unesco pour le Maghreb, qui s’est rendue dans la médina de Marrakech.

Cependant, dans la commune d’Ighil, épicentre du tremblement de terre, la situation serait toujours « très difficile », affirme le président de la commune, Mohamed Saïd Aït Hssaïn, interrogé par l’hebdomadaire marocain Maroc hebdo. Selon la même source, « il y a des maisons qui ont été évacuées, les gens sont encore sous les décombres. L’armée est en train d’arriver maintenant mais la route est bloquée, ils commencent à peine à la libérer. Mais Dieu merci, en tout cas. Les choses avancent ».

Sur le terrain, c’est la course contre la montre pour sauver les populations sinistrées et fouiller les décombres. Une mobilisation tous azimuts pour venir en aide aux sinistrés, en attendant le bilan officiel des pertes. Au niveau de l’exécutif, le département marocain de l’Intérieur, qui prend en charge le volet de la communication pour informer le public de l’évolution de la situation, a mis en place une cellule de crise regroupant plusieurs ministères pour organiser le déploiement des secours.

Sur le front de la santé, l’enjeu est de taille pour renflouer les réserves de sang, à l’heure où le nombre des blessés continue d’augmenter. Plus de 30 demandes urgentes de poches de sang ont été reçues, ce matin, par le Centre régional de transfusion sanguine de Marrakech, qui a lancé un appel au don de sang. Dans la foulée, les médias locaux ont fait état d’un élan de solidarité « exceptionnel » dès les premières heures de la journée de samedi. L’affluence des habitants a été massive, selon les images diffusées sur les réseaux sociaux. Cependant, la demande se fait plus pressante alors que le bilan, notamment des blessés, continue de s’alourdir. Les donneurs potentiels partout au Maroc sont appelés d’ailleurs à se rendre à tout moment au service de collecte de sang le plus proche. Le secteur privé est aussi concerné par cet élan de solidarité. Les cliniques privées se sont également mobilisées en mettant à disposition leurs « ressources techniques et humaines pour soutenir les autorités gouvernementales dans la prise en charge des blessés », selon leur association nationale.

Néanmoins, les activités culturelles et les manifestations sportives prévues pour cette période ont été suspendues. Le festival Timitar, qui se déroulait à Agadir, a annoncé l’annulation de toutes les soirées artistiques prévues ce samedi soir. À quelques heures de la rencontre, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a annoncé, dans un communiqué, le report du match des Lions de l’Atlas contre le Liberia, qui devait se tenir dans le cadre des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations 2023.

Source : Le Point

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