Trump qualifie Zelensky de « dictateur sans élections »

Trump qualifie Zelensky de « dictateur sans élections »

La joute verbale entre Volodymyr Zelensky et Donald Trump a franchi une nouvelle étape, ce mercredi 19 février. En réponse aux mots du président ukrainien qui estime que le conservateur américain « vit dans un espace de désinformation russe », le locataire de la Maison Blanche a qualifié son homologue de « dictateur sans élections » et l’a attaqué sur sa popularité et de prétendus détournements de fonds.

Les attaques se durcissent encore un peu plus entre Washington et Kiev. Les rapports, tendus depuis que les États-Unis ont amorcé un rapprochement avec la Russie en vue de discussions pour mettre un terme à la guerre en Ukraine – manœuvre diplomatique dont l’Ukraine et l’Europe sont pour l’instant écartées –, deviennent même exécrables.

Donald Trump avait déjà adressé un commentaire sec à Volodymyr Zelensky, mercredi 19 février, depuis sa résidence floridienne de Mar-a-Lago. Alors que le président ukrainien a déclaré que Donald Trump « vit dans un espace de désinformation russe », en plus de dénoncer des  « pourparlers sur l’Ukraine sans l’Ukraine », le président américain a confié sa déception et fustigé l’absence de discussions de paix au cours des trois dernières années. « Vous n’auriez jamais dû commencer (la guerre) », a-t-il lancé.

« Dictateur sans élections » et « comédien au succès modeste »

Mais quelques heures plus tard, toujours ce 19 février, Donald Trump a été encore plus rude à propos de Volodymyr Zelensky dans des messages postés sur internet. Via sa plate-forme Truth Social, le président américain a attaqué son homologue ukrainien, « un dictateur sans élections ». « Zelensky devrait se dépêcher ou il ne va pas lui rester de pays », a écrit Trump, qui « adore l’Ukraine, mais Zelensky a fait un boulot épouvantable ».

C’est une critique récurrente ces derniers jours chez le successeur de Joe Biden : il déplore l’absence d’élections en Ukraine depuis le début de l’invasion russe. Le mandat de Volodymyr Zelensky, commencé en mai 2019, aurait dû expirer en mai 2024, mais en raison de la guerre et la loi martiale, aucun scrutin n’a pu se tenir.

Donald Trump a aussi égratigné le président ukrainien sur sa prétendue dépendance à la puissance américaine : « Réfléchissez-y, un comédien au succès modeste, Volodymyr Zelensky, a persuadé les États-Unis d’Amérique de dépenser 350 milliards de dollars pour s’engager dans une guerre qui ne pouvait pas être gagnée, qui n’aurait jamais dû commencer, mais une guerre qu’il, sans les États-Unis et  »TRUMP », ne pourra jamais régler. » L’Institut économique IfW Kiel chiffre l’aide américaine à l’Ukraine à 114,2 milliards de dollars depuis 2022.

Trump tance Zelensky, Poutine « rencontrerait avec plaisir Donald »

Selon Donald Trump, Volodymyr Zelensky aurait « admis » que la moitié de l’aide fournie par les États-Unis à Kiev avait disparu. Et le président ukrainien refuserait de « tenir des élections » car il serait « très bas dans les sondages ukrainiens ». « La seule chose à laquelle il était bon a été de mener Joe Biden à la baguette », a-t-il encore attaqué.

Mardi, Trump avait affirmé que la cote de popularité de Zelensky était de 4%, mais un sondage réalisé début février par l’Institut international de sociologie de Kiev et publié mercredi indique que la cote de confiance auprès des Ukrainiens est à 57%. « Une chose que tout le monde l’admet : seuls  »TRUMP » et l’administration Trump peuvent » parvenir à négocier avec la Russie pour mettre fin à la guerre, a encore martelé le président, investi il y a presque un mois.

De son côté, Vladimir Poutine a loué la reprise du dialogue russo-américain. S’exprimant à la télévision russe, le maître du Kremlin a dit « évaluer positivement » les discussions de mardi en Arabie saoudite entre les chefs des diplomaties russe et américaine, Sergueï Lavrov et Marco Rubio, se félicitant d’un « premier pas ». « Sans renforcer le niveau de confiance entre la Russie et les États-Unis, il est impossible de résoudre de nombreux problèmes, y compris la crise ukrainienne », a-t-il prôné.

Le président russe a jugé que l’équipe envoyée par Donald Trump était « ouverte au processus de négociation » et a accusé les Ukrainiens et les Européens d’être opposés à des pourparlers. « Je rencontrerais avec plaisir Donald (…). Et je pense que lui aussi », a-t-il ajouté, précisant toutefois ne pas pouvoir dire d’ici combien de temps une telle rencontre pourrait être organisée.

L’Allemagne s’insurge face aux propos « absurdes » de Trump

La sortie au vitriol de Donald Trump a fait réagir en Allemagne. Annalena Baerbock, la ministre des Affaires étrangères allemande, a qualifié les propos du président américain de « complètement absurdes ». « Si l’on ne fait que tweeter rapidement, mais que l’on voit le monde réel, alors on sait qui, en Europe, doit malheureusement vivre sous des conditions dictatoriales : les habitants de Russie, les habitants de Biélorussie », a-t-elle déclaré à la télévision publique ZDF.

Olaf Scholz a lui confié au magazine Spiegel qu’il est « tout simplement faux et dangereux de nier au président Zelensky sa légitimité démocratique ». « Le fait que, en pleine guerre, des élections régulières ne puissent pas être organisées correspond aux dispositions de la Constitution ukrainienne et des lois électorales. Personne ne devrait prétendre le contraire », a-t-il ajouté.

Aux États-Unis, dans le camp républicain, la famille politique du président, certains rejettent quelques attaques lancées à l’encontre de Volodymyr Zelensky. « Poutine a commencé cette guerre. Poutine a commis des crimes de guerre. Poutine est le dictateur qui a assassiné ses opposants. Les États de l’Union européenne ont contribué davantage à l’Ukraine. Zelensky est à plus de 50% dans les sondages », a listé l’élu Don Bacon sur X. « Je n’accepte pas cette doublepensée à la George Orwell », a-t-il dénoncé, en référence à l’auteur du roman dystopique 1984.

Mike Lawler, autre élu républicain, a également abondé : « Vladimir Poutine est un dictateur ignoble et un voyou (…). Il n’est ni notre ami ni notre allié. (…) En ce qui concerne les élections, bien sûr l’Ukraine devrait avoir des élections libres et justes – mais que cette demande provienne de Poutine et de la Russie est comique et sert ses propres intérêts. »

Source : Rfi

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