Retourner le pouvoir au civil après un coup d’État : Impossible ou une particularité au Bénin ?

Retourner le pouvoir au civil après un coup d’État : Impossible ou une particularité au Bénin ?

Le colonel Dieudonné Tévoèdjrè, commandant de la républicaine, a déclaré devant la Criet, que selon le plan a lui confié par l’ancien ministre Oswald Homeky, il devrait prendre le pouvoir par la force, et assurer la transition jusqu’en 2026, avant de céder après l’organisation des élections parce que les Béninois sont attachés à la démocratie. Mais à la question de la Cour de savoir, si lui allait effectivement s’exécuter après le coup, et remettre le pouvoir à un civil à l’issue de la transition, le commandant a répondu par la négative.

C’est pourquoi, pendant sa réquisition, Mario Mètonou, procureur spécial de la Criet, est revenu sur le sujet. Il s’est d’abord interrogé. “Le projet de renversement de l’ordre constitutionnel tel que décrit est-il réaliste et dans tous les cas est-il réalisable ? Alors question légitime s’il en est, peut-on raisonnablement penser que le seul commandant de la garde républicaine est en mesure de renverser le pouvoir en place ?”, a déclaré Mario Mètonou, avant d’indiquer que l’élément de réponse, c’est l’histoire.

“L’histoire du Bénin a été marquée par une grosse instabilité politique ouverte par l’irruption du Colonel Christophe Soglo sur la scène politique. Le 28 octobre 1963, ce chef d’état-major général de l’armée prendra le pouvoir au premier président élu du Dahomey, Hubert Maga. Il va, pour ainsi dire, ouvrir la boîte de pandore. Les dix années qui suivront verront se succéder dix présidents à la tête du Bénin.
L’étude de cette triste période de notre histoire montre deux similitudes avec notre dossier actuel :

Première similitude : pour l’essentiel, les coups de force se sont déroulés sans effusion de sang, les présidents en exercice ayant été contraints à la démission.

Ainsi du président Sourou Migan Apithy qui est contraint à la démission fin novembre 1965 alors qu’il avait été élu en janvier 1964 pour un mandat de cinq (05) ans.

Ainsi de Tahirou Congacou qui est aussi contraint à la démission en décembre 1965 après 21 jours au pouvoir.

Deuxième similitude, dans la plupart des cas les militaires béninois qui s’emparent du pouvoir l’ont cédé plus ou moins rapidement aux civils.
Sous ce registre trois (03) exemples :

• Après avoir arraché le pouvoir à Hubert Maga en octobre 1963, le colonel Christophe Soglo l’a rendu aux civils trois mois plus tard en janvier 1964 ;

• Le commandant Maurice Kouandete qui prend le pouvoir par la force au général Christophe SOGLO le 17 décembre 1967 confie les rênes du pouvoir quatre (04) jours plus tard au lieutenant-colonel Alphonse Alley ;

• En décembre 1969, le commandant Maurice Kouandete qui vient de déposer le président civil Émile Derlin Zinsou ne s’installe pas à la tête du pays mais en confie les rennes au lieutenant-colonel Paul Emile de Souza. Cinq (05) mois plus tard soit en mai 1970 celui-ci rendra le pouvoir aux civils notamment à Hubert Maga.

Cette petite parenthèse d’histoire télégraphique nous montre qu’il est bien possible pour un militaire de prendre le pouvoir par les armes pour le céder plus ou moins rapidement à un civil élu. Elle nous enseigne également que les coups d’état sont souvent l’œuvre de militaires qui gravitent dans l’entourage des Chefs d’Etat.

Alors oui, le projet tel que présenté est bien réaliste : n’est pas fou ou insensé celui qui étant sûr de son influence sur un militaire lui donne les moyens financiers d’organiser un coup d’état avec l’espoir qu’il le mettra en scelle quelques temps après. C’est possible, c’est déjà arrivé dans l’histoire de notre pays, c’est arrivé à plusieurs reprises.”

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