Bénin : « C’est un abus de parler de coup d’Etat », dixit Théodore Holo

Bénin : « C’est un abus de parler de coup d’Etat », dixit Théodore Holo

Olivier Boko ami personnel du président Patrice Talon, et Oswald Homéky, ancien ministre des sports, ont été interpellés dans la nuit du lundi 23 septembre 2024, pour des faits présumés « d’atteinte à la sureté de l’Etat, blanchiment de capitaux, et corruption d’agent public ».
Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle du Bénin, s’est prononcé sur ce dossier brûlant de l’actualité politique béninoise.

Pour lui, « c’est un abus de parler de coup d’Etat » car, un coup d’Etat suppose « la conquête par une autorité instituée en violation de l’ordre constitutionnel ». Et, « Les personnes citées n’ont aucune fonction qui leur permette d’exercer une autorité qui leur servirait de fondement pour violer l’ordre constitutionnel », a indiqué le professeur Théodore Holo ajoutant que ce n’est pas le cas dans le dossier tentative de coup d’Etat supposée, pour lequel Olivier Boko, homme d’affaires et mai du président de la République et Oswald Homéky, ancien ministre des sports, sont poursuivis.

Extrait de la déclaration de Théodore Holo

Le coup d’État suppose la conquête du pouvoir par une autorité instituée. Je pense que c’est d’abord un abus de langage de parler de coup d’État, puisque je suis juriste, je suis constitutionnaliste, j’ai fait ma thèse sur le régime militaire. Le coup d’État suppose la conquête du pouvoir par une autorité institut.

Voilà pourquoi le coup d’État se termine pas la suspension de la constitution. Quand c’est militaire, ça veut dire que c’est le chef d’État-major ou le commandant d’une unité de l’armée. C’est une autorité militaire qui est instituée, qui prend le pouvoir alors qu’on doit être passé par des élections.

Quand vous prenez un président qui a prêté serment sur sa constitution, qui dit que ce mandat est limité à deux, qu’il modifie pour avoir un troisième mandat, il viole également la constitution pour conserver ou pour aller conquérir le pouvoir. Là, il y a un coup d’État. Donc, il y a un coup d’État militaire, un coup d’État civil.

Il y a peut-être une menace sur la sécurité de l’État. Il y a atteinte à la sûreté de l’État. Il y a peut-être une volonté de rompre l’ordre constitutionnel. Mais juridiquement, on ne va pas dire qu’il y a un coup d’État parce que toutes les personnes que vous avez citées n’ont aucune fonction qui leur permette d’exercer une autorité qui leur servirait de fondement pour violer l’ordre constitutionnel.

Je crois que l’un est toujours un homme d’affaires, l’autre est un ancien ministre, il n’est plus en activité. Même s’il était ministre, il n’a pas les moyens en réalité de porter atteinte, de violer l’ordre constitutionnel.

Donc, c’est un abus de langage de parler d’un coup d’État. Il y a maintenant une menace sur la sûreté, sur le complot et autres. C’est possible, c’est le magistrat qui doit pouvoir le définir et l’apprécier. Je souhaite simplement que le droit en la matière soit dit. Parce qu’il faut éviter la conquête du pouvoir en violation de l’ordre constitutionnel. Il faut la paix, il faut arriver au pouvoir par les unes. Le pouvoir ne peut pas être au bout du fusil ou le résultat de la violence.

Par Fanelle SOTOMEY

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