Malnutrition aiguë au Sahel et en Afrique de l’ouest : 16,7 millions d’enfants de moins de cinq ans affectés
La concertation technique régionale pour analyser les résultats définitifs de la campagne agropastorale 2023-2024, la dynamique des marchés et les perspectives de sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les pays du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest (SAO) a abouti certaines conclusions selon le bulletin d’information de la Cellule Technique de Suivi et d’Appui à la Gestion de la Sécurité Alimentaire ent : (CT/SAGSA). On retient :
La campagne agricole 2023-2024, s’est achevée avec une production céréalière atteignant 77 millions de tonnes, marquant une baisse de 0,6% par rapport à l’année précédente mais en hausse de 4% en comparaison à la moyenne des cinq dernières années. Le bilan céréalier de la campagne agricole révèle un déficit de 12 millions de tonnes de céréales et la disponibilité céréalière par habitant de la sous-région est en baisse de 2% par rapport à l’année dernière.
La production régionale des racines et tubercules a atteint 206 millions de tonnes, enregistrant une hausse de 4% par rapport à l’année passée et de 8% par rapport à la moyenne quinquennale. En ce qui concerne les cultures de rente, une augmentation générale de la production a été observée, à l‘exception du niébé, du voandzou, du café et du cacao dont les productions ont baissé de 6% à 13% par rapport à l’année dernière.
Les prix des principales céréales de base sont toujours en hausse dans l’ensemble de la région de l’ordre de 10 à plus de 100% en comparaison à la moyenne quinquennale. Dans l’ensemble, le fonctionnement des marchés agricoles est perturbé, particulièrement dans les zones touchées par l’insécurité civile et dans le bassin Est, au Nigeria, au Niger et au Tchad où les approvisionnements sont plus faibles et les demandes des ménages sont plus fortes que d‘habitude.
Par ailleurs, d’autres facteurs importants influencent significativement la hausse des prix des denrées alimentaires ont été relevées, il s’agit de la hausse du prix du carburant au Nigeria avec une incidence directe sur le coût du transport, les sanctions imposées au Niger, ainsi que les restrictions diverses mises en place par plusieurs pays pour réduire les flux transfrontaliers des produits agropastoraux.
La situation nutritionnelle demeure préoccupante avec plus de deux tiers des zones analysées en situation nutritionnelle sérieuse (Phase 3) ou critique (Phase 4). Par ailleurs, le nombre d’enfants malnutris continue de croitre dans la région, atteignant un niveau sans précédent avec une estimation d’environ 16,7 millions d’enfants de moins de cinq ans affectés par la malnutrition aiguë.
En ce qui concerne la situation alimentaire, les analyses du Cadre Harmonisé, réalisées dans seize pays montrent que, 35,1 millions de personnes sont actuellement en insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë (Phase 3 ou pire) au Sahel et l’Afrique de l’Ouest. Si des mesures appropriées ne sont pas prises, ce chiffre pourrait atteindre 49,5 millions de personnes entre juin et août 2024. Au terme des travaux, la réunion a fait plusieurs recommandations aux Etats et aux ONG notamment : apporter une assistance immédiate aux populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle de phases « Crise à pire » ; appuyer les efforts des pays pour la transformation inclusive des systèmes alimentaires plus résilients et adaptés au changement du contexte.).
Par Fanelle SOTOMEY