Presidentielle au Sénégal : Zoom sur les 19 candidats
Le Sénégal est entré en campagne, un sprint de deux semaines pour sortir de plusieurs mois de crise et choisir son cinquième président, lors d’une élection indécise comme jamais. Le Conseil constitutionnel a validé 19 candidatures. Tour d’horizon des 19 prétendants à la magistrature suprême.
Amadou Ba, le candidat du camp présidentiel
Ancien chef du gouvernement, ministre des Affaires étrangères jusqu’en 2020 et ministre de l’Économie et des Finances de 2013 à 2019, Amadou Ba est un inspecteur des impôts sorti de l’École nationale d’administration et de magistrature de Dakar. Il se présente au nom du camp présidentiel en candidat « de la paix » et de la « prospérité partagée ».
Il promet de créer en cinq ans plus d’un million d’emplois (pour une population d’environ 18 millions) en misant sur un pacte public-privé et sur les investissements dans l’agriculture, l’industrie, les infrastructures et les énergies renouvelables.
Il évoque ainsi la mise en place de 22 « projets phares », dont les financements sont « acquis ou mobilisables »: création d’agropoles, développement de zones de transformation des produits dérivés du pétrole et des minerais.
Bassirou Diomaye Faye, le plan B.
Les membres de coalition issue du Pastef, parti dissous, misent désormais sur Bassirou Diomaye Faye. Il remplace le leader du partis dissous d’Ousmane Sonko. Bassirou Diomaye Faye est emprisonné depuis le mois d’avril 2023. Il est poursuivi pour « actes de natures à compromettre la paix publique ». Le 6 mars dernier, les députés sénégalais ont voté une loi d’amnistie. Bassirou Diomaye Faye se veut le « candidat du changement de système ». Il promet une réappropriation de « souveraineté », mot employé 18 fois dans son projet. Il entend renégocier les contrats des mines et des hydrocarbures. Il veut réévaluer les accords de pêche notamment avec les acteurs étrangers. Il désire renégocier les accords de défense avec la France.
Il veut également réformer les institutions. Il propose de limiter les pouvoirs du président et veut créer un poste de vice-président. ll veut mettre en circulation une monnaie nationale, le Sénégal, à la place du franc CFA hérité de la colonisation dans plusieurs pays africains.
Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar
Cet autre visage de l’opposition bénéficie d’une modification du code électoral, votée l’été dernier par l’Assemblée nationale, pour être habilité à se présenter. En 2018, cet ancien édile de Dakar a été reconnu coupable d’« escroquerie aux deniers publics », de « faux et usage de faux dans des documents administratifs » et de « complicité en faux en écriture de commerce ».
Écopant d’une peine de cinq ans de prison, il recouvre la liberté en 2019. Khalifa Sall, veut réformer une République « abîmée ». Son « projet de société » s’ouvre sur les « valeurs » traditionnelles et familiales, les institutions, la justice, les libertés et les droits humains. Il propose de consacrer au moins 1.000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros) du budget national annuel à l’agriculture, de renégocier les accords de pêche. Il entend également procéder à un « état des lieux » de tous les contrats miniers, pétroliers et gaziers.
Idrissa Seck, l’ancien premier ministre
L’ex-maire de Thiès et ancien premier ministre, 64 ans, prépare sa quatrième campagne présidentielle consécutive. Il est deuxième du dernier vote en 2019 à la faveur notamment de nombreuses invalidations de candidats de l’opposition. Il rallie ensuite la majorité présidentielle ce qui lui permet d’obtenir le poste de président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), un organe consultatif jusqu’en avril 2023. À ce moment, l’annonce de sa candidature marque la rupture avec Macky Sall. Idrissa Seck a confirmé qu’il ne se rangerait pas sous la bannière présidentielle.
Il énonce 281 mesures, de principe ou concrètes. Il veut accélérer le processus de création d’une monnaie commune aux pays ouest-africains. Il consacre au minimum 60% des investissements publics aux territoires hors de Dakar. Il veut également renégocier les accords de pêche avec la Mauritanie, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Sierra Leone. Il entend rendre obligatoire le service militaire.
Anta Babacar Ngom, seule femme candidate
« Identifiez-moi comme la candidate des femmes, identifiez-moi comme la femme candidate, je l’assume pleinement. Par contre, je suis la candidate de tous les Sénégalais », dit-elle à l’AFP.
La cheffe d’entreprise de 40 ans, patronne depuis 2015 de la plus grande entreprise avicole du pays fondée par son père, la Sedima, a pour ambition de briser les barrières et devenir la première présidente de la République de son pays.
Son programme s’articule autour de la création d’emplois via l’aide au secteur privé, la protection de l’environnement, la gratuité des soins pour les plus vulnérables et une réforme du système éducatif avec des cours donnés dans les langues locales et non plus seulement en français.
Mahammed Dionne, ancien premier ministre de Macky Sall
Mahammed Dionne a été longtemps un fidèle de Macky Sall. Il a même été son chef de gouvernement de 2014 à 2019. Il a ensuite été pendant un an le Secrétaire général de la présidence du président sortant. Mahammed Dionne revient dans l’arène politique avec le soutien de son propre parti, Coalition Dionne.
Dans son programme présidentiel, il promet une plus grande indépendance de la justice. Une fois élu à la tête du pays l’ancien chef du gouvernement du président Macky Sall promet que le chef de l’État et son ministre de la Justice ne siègeront plus au Conseil supérieur de la magistrature.
Cheikh Tidiane Dièye, candidat du parti Avenir Sénégal bunu Bëëg, natif de Zinguichor, est candidat. Il est perçu comme un proche d’Ousmane Sonko.
Diplômé de l’École polytechnique de Thiès, Déthié Fall est un ancien compagnon de route d’Idrissa Seck. Il dirige un parti politique, le Parti républicain pour le progrès.
Mamadou Lamine Diallo est un intellectuel et homme politique. Il est le fondateur du Mouvement Tekki. Ingénieur de l’École Polytechnique de Paris et de l’École des Mines de Paris, il est Docteur en Économie de l’École des Mines de Paris en 1988. Cet économiste a travaillé entre autres pour la Banque mondiale. Il est député de l’Assemblée nationale.
Papa Djibril Fall est lui député à l’assemblée nationale. Il se présente comme le « candidat de la jeunesse et de l’espoir ».
Né en 1961 à Dakar, Malick Gackou est un économiste. Il a obtenu un doctorat en sciences économiques à l’université de Varsovie. Il été ministre des sports en 2012 puis ministre du commerce et de l’Industrie et du Secteur informel en 2013. Il est aujourd’hui administrateurs de plusieurs sociétés privées.
Thierno Alassane Sall est ingénieur en télécommunications et en aviation civile. Il travaille ensuite à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA), basée à Dakar
Mamadou Diao, 54 ans, est un candidat indépendant. Il a été le directeur de la Caisse des dépôts et consignations du pays. Il était dans la majorité présidentielle. Il refuse la candidature d’Amadou Ba et se présente comme un dissident du camp présidentiel.
Source: Tv5