Retraite d’office pour des officiers : Les raisons et les critères

Retraite d’office pour des officiers : Les raisons et les critères

Pourquoi avons-nous fait cela ? , s’est interrogé Patrice Talon devant les médias, ce 8 février, avant de répondre : « Au Bénin, nous avons une pyramide qu’on appelle une pyramide inversée où il y a plus de commandants, où il y a plus de gens au commandement que de personnes à commander. Et nous avons dit qu’il faut inverser la pyramide ». Telle est selon le président béninois, la raison qui sous-tend la mise à la retraite d’office de plus de mille agents des forces de sécurité et de défense.

Verbatim du Chef de l’Etat

« Voilà un pays dans lequel nous avons des problèmes d’insécurité, des problèmes de terrorisme. Vous savez, on n’envoie pas n’importe qui au front sur les lignes de nos frontières. C’est des jeunes. Vous n’allez pas mettre un officier, un sous-officier qui a quarante ou cinquante ans au front. Il n’a même plus la force de se cacher et de courir, d’être alerte, agile pour faire face aux problèmes que nous avons. Donc, nous avons besoin de gens disponibles, de jeunes, pour constituer notre réelle force de sécurité et de défense avec un niveau de commandement. Les officiers, les sous-officiers, ceux qui sont d’un certain âge, commandent les jeunes. Donc, il y a quelque chose qu’on appelle la pyramide des forces de sécurité et de défense. Le plus grand nombre, ce sont les jeunes qui sont forts, vaillants, agiles, qui ont encore la force de l’âge pour être dans les quartiers, pour rester au soleil. Vous ne mettez pas quelqu’un de cinquante ou soixante ans au soleil pour réguler la circulation, poursuivre un voyou. Non ! Le plus grand nombre, ce sont les jeunes. Et en fonction de ce nombre-là, on détermine combien il faut pour le commandement. Donc, le nombre du personnel de commandement est fonction du nombre de personnes à commander. Si, dans une entreprise qui fait le nettoyage, il faut des gens agiles capables de se baisser pour nettoyer le sol et il faut après des contrôleurs, des superviseurs, et nous avons dix agents techniques de sol et vingt personnes pour les commander, est-ce que cela a du sens ? Le travail, c’est celui qui est destiné aux jeunes, à ceux qui sont dans la force de l’âge.

Au Bénin, nous avons une pyramide qu’on appelle une pyramide inversée où il y a plus de commandants, où il y a plus de gens au commandement que de personnes à commander. Et nous avons dit qu’il faut inverser la pyramide. Il faut recruter du monde et les former ; ce qui est en cours. Vous savez très bien que nous sommes en train de recruter beaucoup de jeunes. Il faut les recruter, les former et il faut maintenant que le nombre de personnes à commander soit conforme aux ratios qu’on applique dans ces cas-là. Je vais donner un exemple terre à terre. Un commissariat ne peut être commandé que par un commissaire de police. Vous savez qu’on ne peut pas mettre deux commissaires dans un même commissariat. Si nous avons trois cents commissariats au Bénin, il faut combien de commissaires ? Trois cents commissaires. Si on en a trois cent cinquante, les autres seront dans l’administration centrale, dans les directions départementales de la police, dans la direction générale de la police. Donc, on va les répartir pour qu’ils concourent à la gouvernance globale.

Mais supposons que nous ayons cinq cents commissaires pour trois cents (300) commissariats. On a placé les trois cents, il y a deux cents autres. Dans les directions départementales et centrales, on a besoin que d’une cinquantaine. Ça fait trois cent cinquante. Il reste cent cinquante qui n’ont rien à faire. Et beaucoup, des fois, sont à la maison. Ils ne font rien. Et la gouvernance d’un pays requiert que chaque corps ait le nombre nécessaire correspondant aux ratios prescrits pour une bonne gouvernance. Alors, si des gens sont à la maison, ne servent à rien, est-ce que notre rôle ce n’est pas de structurer, de sorte que le corps soit conforme aux prescriptions, aux règles, aux ratios, et que ceux-là qu’on a malheureusement, dans notre histoire, amenés contrairement aux règles, aux ratios, qu’on ait le courage de dire eh bien, il faut restructurer, il faut ramener le corps de la police, l’armée aux ratios qui sont conformes au bon fonctionnement de la police et de l’armée ? C’est mauvais d’avoir aussi des gens qui sont dans les corps de commandement qui ne font rien, qui sont frustrés ou alors, qu’on double sur les postes. On les double, on les triple. Là où on a besoin d’une personne, on met trois, quatre personnes. Cela porte préjudice au bon fonctionnement. Donc, on sort certains. Mais nous disons, bien que nous soyons en train de faire des reformes pour que le Bénin fonctionne mieux, pour que les corps fonctionnent mieux, il ne faut pas que cela cause trop de préjudices. Ce n’est pas de leur faute, puisque c’est le pays qui a fonctionné comme ça pendant trente, quarante, cinquante ans, jusqu’à récemment encore. On recrute qui on veut, même si le besoin n’existe pas. Ce n’est pas leur faute. On dit eh bien, on va dégraisser pour avoir quelque chose de plus efficace, mais au même moment, on va donner les moyens à ceux-ci pour qu’ils ne payent pas seuls le prix. C’est pour cela qu’on a mis en place ces mesures d’accompagnement, financières, pour qu’ils ne subissent pas de manière trop grave les préjudices de notre faute commune. Nous avons tous fauté, mais forcément pour réparer, il y en a qui vont payer. Mais ceux-là, on les accompagne financièrement. C’est ce qui nous permet d’avoir une pyramide normale, d’avoir un commandement normal, fonctionnel, efficace. Moi, j’ai l’ambition que partout dans nos villes, les gens puissent sortir à minuit, une heure du matin, cinq heures du matin, et tranquilles, que les gens puissent circuler librement, que bientôt, plus personne ne dépasse par la droite sur nos voies, que personne ne brûle les feux. Et pour ça, il faut du monde, il faut des jeunes. Il y a encore beaucoup de besoins à satisfaire et nous sommes en train de recruter pour satisfaire ces besoins-là. Mais, il faudrait que ce soit dans un corps sain. Le corps de la police et de l’armée doit être sain, donc, avec une pyramide normale, les ratios normaux et un commandement efficace. C’est pour cela que nous avons fait les calculs et nous avons sorti les ratios. Et tout le monde sait pour mille militaires, combien d’officiers, de sous-officiers supérieurs il faut. Tout cela est connu. Donc, c’est en appliquant la pyramide et les ratios recommandés qu’il faut sortir des gens ».

Les critères

« Alors, on a regardé. Moi, je ne suis pas militaire, mais je suis le chef de l’armée. On a regardé, mis des commissions en place, pour identifier qui commence à avoir des insuffisances au niveau physique, qui commence à avoir des insuffisances au niveau santé, qui, dans les notations, a moins de mérite que d’autres. Vous savez aussi que, je vous le dis, il y a des gens qui n’ont pas de problèmes physiques et consorts, mais qui sont moins disponibles. Qui depuis quelque temps n’a pas été au commandement, ce n’est pas sa faute, mais c’est le sort, et qui depuis des années a perdu la main. S’il y a deux dont l’un est au commandement, a la chance d’être nommé au commandement et joue bien son rôle, il y a un autre pareil que lui, même grade et consorts, mais lui depuis de trois ans, il est malheureusement à la maison, je ne sais pour quelle raison. Si l’un doit partir entre les deux, c’est qui ? Il y a des choix difficiles, mais il faut faire ces choix-là. Celui qui est actif, qui est dans le mouvement comme on dit, si quelqu’un doit partir, lui il est préservé. C’est celui, qui depuis deux ou trois ans est désactivé, qui, malheureusement, va partir. Donc, c’est des choix difficiles, pénibles que les responsables font avec beaucoup de souffrance, mais qui sont nécessaires pour la bonne marche du pays. On ne peut pas vouloir se développer sans sacrifice. C’est impossible. Si on veut tout préserver, nos acquis, nos travers, nos souffrances, si on veut tout préserver, le Bénin ne se développera jamais et nos enfants, nos petits-enfants, nos arrière-petits-enfants vont subir les mêmes sorts que nous. Ce n’est pas avec plaisir. Ça fait longtemps qu’il fallait le faire. Ce n’est pas un plaisir pour moi de dépenser l’argent de l’Etat pour payer des gens à la maison. Ce n’est pas un plaisir pour moi d’envoyer des pères de famille à la retraite d’office, parce que je sais très bien que celui qui va à la retraite, c’est comme s’il était en déchéance. Même si ce n’est pas le cas, aucun dirigeant ne peut faire ces choses-là avec plaisir ».

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