Fin de l’ultimatum à la junte au Niger : Que décidera la Cedeao lors du sommet ?
Les Chefs d’Etat de la Communauté économique de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) se réunissent, ce jeudi 10 août à Abuja, pour débattre de la situation au Niger. Quelle sera l’issue de ce sommet qui intervient après l’expiration de leur ultimatum à la junte, qui renforce d’ailleurs son pouvoir au Niger.
Les militaires auteurs d’un coup d’Etat au Niger n’ont pas abdiqué. L’ordre constitutionnel n’est pas rétabli, le président déchu, Mohamed Bazoum est resté l’otage des putschistes à l’expiration de l’ultimatum de la Cedeao. Les Chefs d’Etat de la Communauté qui se réunissent ce jour à Abuja, dans le cadre d’un sommet sur la situation, devront en tirer toutes les conséquences. Les militaires au pouvoir au Niger ont endurci leur position et visiblement, ne songent aucunement à un rétablissement de l’ordre constitutionnel, en tout cas, pas dans les heures à venir. Dans un contexte où l’opinion africaine voire internationale reste divisée sur l’option d’une intervention militaire, que fera la Cedeao qui déjà, a imposé de lourdes sanctions au pays, et menace de recourir à la force s’il le fallait, pour restaurer la légalité constitutionnelle. A l’issue de ses travaux de ce jeudi, la Cedeao pourrait rester dans le même esprit de fermeté, exprimé aux premières heures du coup d’Etat qui a renversé le président Mohamed Bazoum, tout en gardant ouverte la porte du dialogue. Cette option reste la plus plausible, sauf qu’il n’est pas exclue que l’institution capitule face à la détermination d’une junte au pouvoir, qui bénéficie non seulement du soutien du peuple nigérien, mais aussi des certains Etats membres de la communauté dont les dirigeants sont parvenus au pouvoir par les armes. Le spectre d’une intervention militaire devrait définitivement être écarté.
De toute évidence, les lignes n’ont pas bougé, la voix du dialogue n’a pas encore porté ses fruits, et du précédant sommet qui s’est tenu le dimanche 30 juillet à ce jour, la junte au pouvoir a reçu du soutien de ses pairs du Burkina-Faso, du Mali et de la Guinée. Au Nigéria, Bola Tinubu, président en exercice de la Conférence des Chefs de la Cedeao n’a pas obtenu l’accord du Séna pour une éventuelle intervention militaire. Le président du Sénat avait demandé à Bola Tinubu : « en tant que président en exercice de la Cédéao, d’encourager les autres leaders à renforcer les options diplomatiques et politiques […] afin de sortir de l’impasse politique au Niger ». Selon la Constitution du pays datant de 1999, « la déclaration d’un état de guerre entre la Fédération du Nigeria et un autre pays (…) doit être sanctionnée par une résolution des deux chambres du Parlement réunies en séance conjointe- et sans approbation du Sénat, aucun membre des forces armées (…) ne peut être déployé pour combattre en dehors du Nigeria ».
Même en dépit de ces dispositions le président Muhammadu Buhari à mobiliser des troupes et des avions de combat, dans le cadre de l’opération de la Cédéao visant à déloger Yahya Jammeh du pouvoir en Gambie, en janvier 2017, les contextes ont bien changé. Une intervention au Niger, porterait atteinte à l’existence même de la Cedeao, et pourrait embrasser le Sahel déjà enclin aux djihadismes.
L’armée malienne a annoncé lundi l’envoi à Niamey d’une délégation officielle conjointe Mali-Burkina Faso, pour « témoigner de la solidarité des deux pays au peuple frère du Niger ».
Le Burkina Faso et le Mali, voisins du Niger eux aussi gouvernés par des militaires et confrontés à la violence des groupes jihadistes, ont souligné ces derniers jours qu’une intervention armée serait « une déclaration de guerre » à leurs deux pays.