Violences faites aux enfants : Des racines de l’extrémisme violent
Souvent exercées sous diverses formes, les violences faites aux enfants peuvent se révéler dangereuses. Si on n’y prend garde, elles peuvent faire développer chez l’enfant, des frustrations. Et pourtant, l’Etat béninois n’a pas manqué de jouer sa partition pour l’éradication du phénomène. Malgré ses efforts, les statistiques d’enfants maltraités au Bénin demeurent alarmantes.
L’intolérance et l’absence du dialogue sont les principales causes des violences au sein de la société, selon des sociologues. Pour certains individus, les comportements agressifs sont les seules armes pour résoudre les différends. La cinquantaine, Norbert (prénom attribué) un père de famille, nous conte sa propre expérience : « plus jeune, j’étais très réservé et nerveux. Au collège, toute mauvaise blague de la part de mes camarades pouvait rapidement tourner à la bagarre. Jeune marié, il m’est arrivé plusieurs fois, pour un » rien », de porter la main sur ma femme. Il m’est même arrivé de bastonner ma fille de 3 ans. J’ai dû me faire aider par un psychologue pour devenir l’homme que je suis aujourd’hui. Ce dernier m’a fait réaliser que je répétais les comportements de mon géniteur qui était un père autoritaire et très violent. » L’histoire de Norbert n’est pas une surprise pour Dr Prince Hounnou, psychologue des hôpitaux. « L’enfant qui a grandi en étant violenté ou en étant témoin de violence est plus susceptible de donner de la violence une fois adulte. », fait-il savoir convaincu. Même si Norbert a réussi à changer sa personnalité et jouit aujourd’hui du bonheur d’avoir une famille heureuse, il traine toujours les séquelles de ces blessures psychologiques.
Dans certaines familles, le pire survient très rapidement entre les conjoints à la suite d’un malentendu ou d’une mésentente. Des bagarres naissent et des pères de famille sont emprisonnés pour violences conjugales et même pour des décès suite à une bastonnade jugée anodine. Des scènes de violences auxquelles assistent les enfants, qui les traumatisent et les transforment à l’âge adulte, à en croire les propos de Joachim Badarou, psychopédagogue.
De l’enfant maltraité à l’adulte violent
« La violence engendre la violence ». Cette phrase du grand artiste Dramaturge Eschyle résume, en effet, la situation. Pour caricaturer le phénomène, le psychologue des hôpitaux Dr Prince Hounnou compare la violence faite à un enfant à une semence. « D’un (1) jour à 17 ans, l’enfant étant en construction est comme une terre dans laquelle on dépose des graines. Si vous semez l’amour, cet enfant donnera de l’amour à l’âge adulte.» Ainsi s’est-il exprimé pour montrer la place et le rôle de l’éducation dans la vie d’un enfant en prévention aux violences à l’âge adulte. Dr Julien Tchambi Atchadé, sociolinguiste et enseignant à l’Université de Parakou renchérit : « lorsqu’un enfant a été exposé à la violence, il internalise l’idée que c’est la violence qui est la norme. Par ailleurs, la situation sociale et/ou économique de l’individu prédisposé à la violence peut amplifier son penchant violent et le rendre favorable aux recrutements de groupes extrémistes ». Pour Nazaire Kossouho, chargé de programmes de la CARITAS Parakou «quand ce sont des adultes qui les maltraitent, les enfants sont frustrés et ce sont des blessures qui prennent du temps à se cicatriser et une fois grand, tel qu’on les a traités de façon sauvage, il en font de même. »
Enfance protégée, préservation de la paix
Dans le Borgou et la Donga, certaines organisations telles que la CARITAS tentent déjà d’anticiper les conséquences de la violence faite aux enfants, pépinière de la société de demain. « La CARITAS accompagne plus les enfants dits en situations difficiles. Par exemple, lorsque des enfants sont confrontés à la justice, elle plaide parfois pour les récupérer et les prendre en charge dans nos centres d’accueil. Certaines CARITAS diocésaines sont même dédiées à la cause des enfants en situations de mendicité. », précise Nazaire Kossouho.
Un enfant violenté, un adulte violent, des familles violentes, une nation violente. Chaque membre de la société doit spontanément y mettre du sien, semer de l’amour et de la bienveillance pour la création d’un milieu où les mineurs pourraient grandir et bâtir leur avenir dans la paix et l’amour du prochain.
Blandine M. SANDE